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Pasquale De PAOLI
A l'occasion du bicentenaire de sa mort, le musée de Corte ouvre ses portes à Pasquale de Paoli,
EXPOSITION PASQUALE DE PAOLI, LA CORSE AU COEUR DE L’EUROPE
Pasquale de Paoli, figure tutellaire de la Corse moderne, du 23 juin au 29 décembre 2007. Essentiellement tournée vers son ouverture sur l'Europe des Lumières, cette exposition dévoile un pan majeur de l'histoire méditerranéenne moderne.
Pasquale de Paoli
Homme politique et général corse
Né à Morosaglia, Corse le 6 Avril 1725
Décédé à Londres, Angleterre le 5 Février 1807
Cette exposition est organisée à l'occasion du bicentenaire de la disparition de Pasquale de Paoli, chef d'Etat, humaniste et général, célébré par l'Europe intellectuelle et politique des Lumières. A Corte, plus de deux cents oeuvres et documents venus d'Angleterre, d'Ecosse, de France, d'Italie et du Vatican rappellent l'étonnante destinée d'un précurseur dont la France, sauf la Corse bien entendue, a occulté la mémoire et l'action. Gageons que cette exposition, comme la publication très documentée qui l'accompagne, contribuera à réintégrer à la place qu'il mérite ce héraut des valeurs universelles et de la liberté, initiateur de la Constitution corse et l'un des inspirateurs de celle de l'Amérique de George Washington.
Au centre des convoitises de l'Europe tout entière, la Corse, alors sous le joug de l'Empire génois, fait figure de David face à un hydre Goliath. Les intérêts génois, français et anglais s'y rencontrent au XVIIIe siècle, poussant les habitants de l'île à se défendre au prix de déchirants combats. Or, comme dans toute guerre, les échanges sont nombreux entre la Corse et ses assaillants et nombreux sont les liens qui font de l'île un lieu de première importance dans l'histoire méditerranéenne.
C'est dans ce contexte mouvementé et éclaté qu'émerge la figure de Pasquale de Paoli, général de la Corse de 1755 à 1769, qui dédie sa vie à la résistance ; résistance face au joug de puissances étrangères aussi bien que face aux ordres établis (notamment dans sa gestion des relations avec l'Eglise, et sa grande modernité politique). Parce qu'il a su toucher l'Europe des Lumières, faire d'une île colonisée un Etat et insuffler un vent de modernité sur la politique, le destin de Paoli, figure paternelle de la nation, reste aujourd'hui une aventure humaine digne des grandes épopées universelles.
Le général de Paoli
Si la figure de Paoli a si profondément inscrit son empreinte dans l'histoire de la Corse, ce n'est pas seulement du fait des victoires militaires mais bien plus de ce que son action a changé en profondeur les institutions corses. En effet, Pasquale de Paoli est à l'origine d'une véritable transformation du pays. Pour la première fois, un homme installe un véritable système en Corse, une monnaie, une armée ainsi qu'un système d'imposition. Au travers de la constitution qu'il met en place, de Paoli transfigure l'île en réalisant l'idéal des tenants d'une autonomie ; le peuple corse se voit ainsi singularisé en ce qu'il n'est plus une province mais une entité propre, qu'il s'agit de préserver. L’exposition éclaire ainsi cette transformation en mettant en exergue la Constitution signée par Paoli lui-même, fournissant l’indice matériel d’un bouleversement politique venu sanctionner des années de révolution.
De tels changements naissent en réalité de son profond attachement à la tradition républicaine. Alors âgé de 14 ans, Pasquale de Paoli suit son père, lui-même leader patriotique, en exil vers Naples, où il recevra une formation à l'Ecole militaire. Là-bas, il commencera sa carrière dans le régiment royal de Farnèse, sans pour autant perdre de vue le conflit qui oppose la Corse à Gênes. Grand lecteur, Paoli fera ses classes auprès du penseur Antonio Genovesi, qui l'initiera aux Anciens mais aussi aux grands textes politiques de Montesquieu et Machiavel. Il dira ainsi de ’De l'esprit des Lois’ qu'il est un livre "plus que nécessaire en Corse"(1), affichant au passage sa volonté farouche de rationaliser les institutions de sa patrie.
Rappelé sur l'île en 1755, il est cette même année proclamé général de la nation et, en lutte contre les troupes génoises, met en place un véritable système. Pour Paoli, la guerre qu'il mène n'a qu'une vertu défensive, il s'agit de se libérer et non pas de conquérir un territoire. En ce sens, Paoli considère cette lutte comme "juste et justifiable". A l'image des mesures qui vont émailler sa politique, cette perception de la guerre se veut ancrée dans un modèle républicain. Car il s'agit pour lui de fédérer un peuple sous son autorité, et son action en tant que législateur est à l'image de ces principes.
L'image d'un "général éclairé" se retrouve d'ailleurs chez des penseurs d'autres pays qui perçoivent la Corse comme un terreau d'expérimentation sociale à échelle réduite.
De Naples à Londres ; intellectuels en bataille !
Dans toute l'Europe, la Corse fait figure, du fait de sa lutte continuelle avec Gênes, d'espace singulier où se manifeste une volonté farouche de préserver liberté et tradition. Dans cette perspective, un penseur tel que Voltaire voit en Paoli une figure majeure de l'histoire. Même si, selon lui, il échoue à "rendre la Corse libre", celui-ci constitue le prototype de l'empereur éclairé, celui par qui la paix sociale aurait pu être préservée. A une époque de multiplication des guerres civiles, Paoli constitue la figure d'un meneur fort, dont les sujets font bloc.
Véritable mine d’informations, l’exposition anniversaire exhume ainsi de nombreuses correspondances autographes aussi bien que des ouvrages originaux qui éclairent le contexte intellectuel de l’époque. L’on voit ainsi la Corse se tourner, par l'entremise de Matteo Buttofaco en 1764, vers Jean-Jacques Rousseau pour obtenir un projet de constitution définitif, au grand dam de son rival Voltaire. L'intérêt du philosophe pour la Corse est alors de notoriété publique, les quelques lignes consacrées à l'île dans son 'Contrat social' font de lui le candidat idéal à la rédaction d'une constitution. Si son intérêt et son attachement à la Corse ne se démentent pas, Rousseau renoncera toutefois à un tel projet, alors même qu'il aura été l'instigateur de l'intérêt certain des Lumières européennes à son égard. Diderot et Helvetius (mécène et collaborateur de 'L'Encyclopédie') eux-mêmes sont contactés pour mettre en place cette constitution. Pour cela, l'attachement viscéral, jusque dans son testament, à la création d'une élite intellectuelle corse est primordial dans la réception de l'héritage de Pasquale de Paoli. Exhaustive sur ce sujet, l'exposition va jusqu’à présenter des portraits des figures de l’Europe des Lumières. Indissociable de l'histoire européenne, il apparaît que ce ne sont pas uniquement les intellectuels européens qui s'intéressent à l’île comme possible terrain d'expérimentation mais bien que le gouvernement corse, à l'image de Pasquale de Paoli, est tourné vers la pensée de son époque et y voit un moyen de garantir son autonomie.
De la réalité au mythe, l'histoire d'une admiration et d'une occultation
Pourtant, malgré cette volonté d'asseoir une constitution stable et un ordre officiel dans son pays, Paoli, suite aux revers des combats engagés face aux troupes françaises, se verra contraint de quitter la Corse dès 1769 et de séjourner en Angleterre. Mais, même en exil, il continuera de fréquenter l'élite intellectuelle européenne en menant, durant 20 ans, une vie mondaine dans la société éclairée de Londres. De là naît une véritable tradition de la représentation. Figure charismatique d'un héros tragique, Paoli constitue un sujet humain idéal pour les peintres anglais qui retranscrivent en lui cette dignité de la résignation, dont le 'Portait de Pasquale de Paoli' (1810) de sir William Beechey constitue l'exemple le plus important.
L'exil du général participe ainsi de cette image d'un héros tragique qui, du temps de son commandement, s'est invariablement attaché à consulter son peuple tout en imposant sa propre loi, inspirée des théories les plus novatrices en matière de philosophie politique. De la sorte, son image n'a cessé d'osciller entre la solennité d'un chef d'Etat et l'ancrage populaire, conduisant nombre de peintres à le représenter au milieu de ses terres. Grand voyageur, son visage est indissociable de l'ensemble du territoire corse, et même si cette propension aux déplacements constitue un frein à la multiplication des portraits, elle ne peut qu'encourager les artistes. A l'image des oeuvres d'Henry Benbridge, sir William Beechey ou Ignace-Louis Varese, nombre de peintres incluront dans leurs portraits de Paoli une perspective sur un paysage corse, source d'inspiration esthétique du fait de la richesse de ses reliefs et de sa végétation. Mais plus encore, il semble que c'est ici l'inséparable communauté de destin entre un homme et sa terre qui se dévoile. Pourtant, Paoli ne percevait pas dans la représentation et les signes de pouvoir un intérêt majeur pour asseoir son autorité, leur préférant l'action politique. De cette limitation de portraits officiels où le général pose s'est développée une imagerie plus libre, qui met en scène un général dont la figure romantique constituera une source d'inspiration des années après sa mort.
Ainsi, même si sa réception a pu être entachée, notamment dans les années 1970 où l'on pouvait encore lire, çà et là, que le général avait trahi son peuple en s'alliant au royaume d'Angleterre, le régime paoliste est aujourd'hui questionné en tant que tel, étudié pour lui-même, loin des passions patriotiques. Et c'est sans doute dans cette perspective que se laisse au mieux comprendre l'impact d'une telle personnalité, indissociable d'un tournant historique de la Corse. Car, qu'il soit ou non responsable de l'échec de son régime, si toutefois l'on peut parler d'échec, Paoli n'en demeure pas moins un personnage central, qui porte le poids de la responsabilité historique. Son importance tient à cette communauté de destin entre un homme et son pays, ce rendez-vous de l'histoire avec une personnalité.
(1) Lettre à Hyacinthe Paoli de novembre 1754
Par Fraternité envers I Muvrini , je pose ci après le regard de Jean François Bernardini sur son île"
Ici, le maître mot est le mot "respect", peut-être parce qu'ici on sait ce que veut dire "ne pas être respecté". Pourtant, en deux mille ans d'invasions plus terribles les unes que les autres, à tous les hymnes belliqueux imposés par les différents occupants, les Corses ont toujours préféré un chant majestueux et profond. Quand ils l'entendent, ils se lèvent et se découvrent. Écoutez-le, c'est un chant d'amour :
Dio vi salvi, Regina
E madre universale
Per cui favor si sale
Al paradisu
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